Je dois d'abord faire une confession. J'avais cru que Loop8 serait un RPG, dans le style d'un persona, en plus léger. Tout ça dans une ambiance de dernier été avant la fin du monde. Dis comme ça, ça me vendait du rêve. Et au final je n'ai eu tort qu'à moitié, vu que Loop8 est en réalité un visual novel qui se déroule dans le dernier été avant la fin de notre monde. Un visual novel qui aurait pris des éléments de rogue lite pour justifier une notion de boucle temporelle. Or autant sur le papier l'idée était intéressante, autant l’exécution était maladroite. Je m'imaginais recommencer l'histoire plusieurs fois, faisant à chaque fois des choix différents, qui mèneraient chacun à me faire découvrir de nouveaux pans de l'histoire. Au final chaque boucle nous fait surtout recommencer l'histoire au début. Et rien que cet aspect rend le jeu réservé à un certain public.

 

Conditions de test : Ce test a été réalisé grâce à un code fourni par le distributeur. Les images ont été prises sur le site de Nintendo France, et malgré les textes en anglais, sachez que le jeu est traduit en français.


Notre histoire commence quand Nini, un jeune habitant d'une station spatiale, se réfugie dans un village de la campagne japonaise, suite à la destruction de sa station par des Kegai, des divinités malfaisantes. Ce village, Ashihara, est depuis toujours épargné par lesdits Kegai grâce à une barrière qui les repousse. Mais avec le temps elle s'est fragilisée, et voici venu le moment de subir des incursions. Les Kegai n'attaquent pas directement, mais prennent possession d'un habitant du village afin de gagner en puissance, puis de détruire les lieux. Heureusement Nini possède un pouvoir particulier, qui lui permet de repérer l'habitant possédé. Tout en menant sa vie pendant le mois d'Août, il lui faudra donc protéger ce village et ses habitants pendant son été.

Et sa vie consistera surtout à interagir avec les 12 autres habitants. Et d'ailleurs, c'est une des bases du jeu. Vos liens avec les PNJs auront une grande importance lors des combats contre les kegais (nous en reparlerons plus tard). Ils sont définis selon trois jauges : amitié, tendresse et haine. Et elles varient selon vos actions. Allez-vous discuter tranquillement, faire preuve d'une franchise malvenue, complimenter votre interlocuteur ? Choisissez bien, en fonction de votre objectif. Parmi ces douze habitants, six pourront se battre à vos côtés, et gagneront de nouvelles capacités à mesure que vos relations avec eux s'amélioreront. Les six autres sont plus passifs, mais sans spoiler, sachez que bien vous entendre avec eux sera aussi utile lors des combats.

Tout ceci est servi par une technique de haute volée. Les graphismes sont vraiment beaux, les animations sont détaillées et fluides, et le jeu tourne comme un charme sur Switch. Ajoutez à cela des musiques plutôt bonnes, combinées à un sound design bien pensé, et vous obtenez au final une ambiance « vacances d'été relax/détente » qui colle plutôt bien. Le village d'Ashihara est séparé en plusieurs zones, que vous pourrez atteindre soit en passant de l'une à l'autre, soit en utilisant une option de voyage rapide. Chacune a une identité propre. Lors des assauts des kegais, vous devrez aller dans une version plus sombre d'Ashihara. Si les lieux restent reconnaissables, les musiques et les couleurs plus sombres servent bien à montrer que notre héros n'est pas le bienvenu. Au passage sachez que le jeu est traduit en français, avec des doublages lors de certaines scènes clefs.

Bref peu importe sous quel sens on le prend, la technique, les graphismes et les musiques sont plutôt réussis et nous immergent très vite dans l'ambiance de ce village pas comme les autres. Une ambiance relaxante et estivale la plupart du temps, et un peu moins lors des phases chez les kegais.

Vos journées se déroulent en temps réel : chaque seconde correspond à une minute dans le jeu. Donc chaque journée dans le jeu prend environ 20 minutes (elles se déroulent de 6H00 à 3H00 au max). Pendant ce temps vous pourrez soit monter vos relations, soit faire différentes activités qui amélioreront vos statistiques personnelles (force, intelligence, statut social,...). Tout ceci vous permettra d'en apprendre plus sur les autres villageois, tout en vous préparant à affronter les kegais. Et il est temps d'en parler.

En fait ça ira vite car les combats ne sont clairement pas le cœur du jeu. Comme dans la majorité des visuals novels, le gameplay sert plus à varier les situations qu'à présenter un véritable intérêt. Vous aurez affaire à un unique type de minion, trop faible pour présenter un quelconque intérêt, et à six boss différents. Pour vous battre vous choisissez une technique d'attaque, en la liant à une des émotions (amitié, tendresse et haine). Il paraît que choisir une émotion influe sur les dégâts, mais personnellement je n'ai jamais vu de différence. Et les différentes techniques d’attaque consistent juste à infliger plus ou moins de dégâts tout en coûtant plus ou moins de points de compétence. A cela on ajoute quelques buffs pour faire bonne figure, et voilà vous avez tout vu. On comprend très vite qu'il n'y a aucune vraie stratégie à appliquer, il faut juste avoir monté ses relations et ses statistiques suffisamment haut pour passer chaque boss.

Vos statistiques influent sur vos performances, tandis que votre niveau de relation débloque de nouvelles compétences pour vos alliés et améliore leurs propres performances. Sachez aussi que vous ne dirigez que Nini. Vos alliés sont dirigés par l'IA, et ce n'est pas toujours glorieux. Je soupçonne qu'elle consiste juste à placer des actions au hasard tellement certains choix de l'IA n'a parfois aucun sens.


Et si vous n'êtes pas assez fort, pas d'inquiétude, car Nini a le pouvoir de remonter le temps. En cas de défaite vous reviendrez au début du mois avec toutes vos statistiques remises à leur valeur initiale, ou presque. Car durant vos journées, et à force de parler aux gens, vous pourrez débloquer des bénédictions divines auprès de lieux de prières disséminés dans le village, qui sont des bonus de statistiques ou de relations. Ces bénédictions seront attribuées à vous ou à vos alliés s'il sont dans votre équipe à ce moment. Et chacune de ces bénédictions est conservée lors d'un retour dans le temps, vous permettant de ne pas repartir à zéro. De plus, tant que vos statistiques et relations sont en dessous du niveau maximum que vous aviez atteint, elles progresseront deux fois plus vite, vous permettant de vite revenir à ce niveau maximum, plus tôt dans le mois.

Cette mécanique est très intéressante sur le papier, mais dans l’exécution elle peut vite devenir une grande source de frustration. Déjà l'histoire principale est basique au possible, voire inexistante, donc n'en attendez rien. Vous ne prendrez aucun plaisir à la recommencer, d'autant qu'il n'y a rien qui permette de vivre l'aventure différemment. Le vrai intérêt de ce visual novel vient des interactions avec les villageois. Mais à chaque nouvelle boucle il faut refaire tous leurs dialogues. Et vu qu'il n'y a aucune option pour passer rapidement les textes déjà lus, ça peut prendre plusieurs heures avant d'avoir du nouveau. Et je parle de « vrai intérêt », mais ça reste limité : l'écriture des villageois est assez basique, et je l'ai trouvée peu inspirée. On apprend à les connaître mais il n'y a pas vraiment d'événement les impliquant ni de développement de leur personnalité, cette dernière restant monolithique et ne changeant pas. C'est juste nous qui en apprenons plus sur eux. On se retrouve alors avec une écriture pas vraiment passionnante à cause de la répétition, et un système de jeu qui nous pousse à refaire des passages qui ne sont intéressants que grâce au plaisir de la découverte.

A force tout est bon pour ne pas subir cette mécanique de boucle - tout droit tirée d'un rogue lite - qui ne sert qu'à diminuer sérieusement l'intérêt de l'histoire, déjà pas folle de base. Je dirais que c'est de l'auto-sabotage car dans un visual novel c'est l'aspect le plus important.

Mon Avis à moi

Finalement, Loop 8 est un jeu avec certains points forts, comme son ambiance estivale, son animation sans faille et le plaisir d'en apprendre plus progressivement sur les villageois d'Ashihara. Malheureusement tout ceci est desservi par une structure en boucle, qui clairement est censée être importante, mais qui au final gâche beaucoup l'intérêt du jeu en nous poussant à y échapper à tout prix. Si vous voulez quand même y jouer, je vous recommande d'utiliser la première boucle pour découvrir le jeu, puis d'en faire une seconde quand vous aurez compris comment optimiser vos relations et vos statistiques, afin d'échapper aux boucles. Comme ça votre jeu durera entre 20-25 heures avant d'en voir la fin. C'est un peu triste mais c'est comme ça.

Vous aimerez ce jeu si :

  • Vous cherchez un jeu d'été qui vous plonge dans des vacances au Japon
  • Vous cherchez une DA d'anime très réussie
  • Vous voulez une histoire simple


Vous n'aimerez pas ce jeu si :

  • Vous voulez un gameplay travaillé
  • Vous recherchez un scénario un peu complexe
  • Relire des tonnes de texte que vous connaissez déjà vous lasse rapidement

Test réalisé par Luciole